L’argent sale de vos artères
Chère lectrice, cher lecteur,
En cas d’infarctus du myocarde, l’angioplastie est une procédure qui peut sauver des vies [1].
C’est notamment le cas lorsque l’opération est réalisée dans les 12 heures qui suivent un infarctus. Un infarctus est un accident au cours duquel une artère se bouche et bloque l’arrivée du sang dans le myocarde (muscle du cœur).
L’angioplastie, réalisée en urgence, permet alors de rétablir la circulation sanguine et de sauver la vie du patient.
Sans cela, le myocarde est irrémédiablement détruit et le patient décède, ou garde de graves séquelles liées à une insuffisance cardiaque. Partiellement détruit, le muscle du cœur n’est plus assez puissant pour faire son travail.
MAIS…
Les études récentes, et notamment une étude de 2011 de l’Ecole de Médecine de Harvard (difficile de faire plus prestigieux) a montré que réaliser une angioplastie un jour après un infarctus, ou plus tard, ne « vaut plus la peine » [2].
Et ce n’est pas parce que les chirurgiens ont l’habitude de pratiquer très souvent l’angioplastie (110 000 interventions en France) que cela en réduit les désagréments pour le patient.
Comme le résume avec des mots choisis la Fédération Française de cardiologie : « La décision de pratiquer un tel examen nécessite une juste mesure des bénéfices attendus et des risques encourus pour le patient.” [3]
Autrement dit : « débrouillez-vous, c’est votre problème » !…Car voyons de quoi on parle exactement. Un gros bâton dans la gueule d’un crocodile Dans le cas d’une angioplastie avec pose d’un stent [4], le cardiologue insère dans un vaisseau sanguin du bras ou de la jambe un cathéter jusqu’aux artères, aux endroits où elles se rétrécissent, juste au-dessus du coeur.
Puis il gonfle un ballonnet de manière à élargir l’artère obstruée et écraser les plaques dites « athéromateuses » - qui gênent le passage du sang.
Enfin, il place un petit ressort métallique pour maintenir l’artère à ce nouveau diamètre. Un peu comme un gros bâton qui tiendrait la gueule d’un crocodile bien ouverte.
Abonné…au bloc opératoire !
L’angioplastie repose sur un principe simple : plus le tuyau est large, plus le flux qui passe au travers est conséquent, et la pression basse. Seulement cela ne traite pas la cause de la sténose (rétrécissement du vaisseau). L’angioplastie ne garantit donc aucune amélioration durable – et vous allez voir que c’est encore pire :
• Lorsque le ballonnet se gonfle dans une artère, la circulation est coupée et le patient risque à tout instant un arrêt cardiaque ou un AVC. Sur le passage du cathéter dans le cœur, des plaques d’athérome peuvent soudainement se détacher, obstruer l’artère et provoquer un AVC. Le risque d’AVC est aussi accru après l’opération.
• L’artère peut être déchirée ou malencontreusement disséquée pendant l’intervention. Il faudra la réparer avec un pontage à cœur ouvert en urgence.
• La réaction d’inflammation du vaisseau sanguin suite au passage du cathéter ou à cause du stent métallique peut former une nouvelle sténose en amont ou en aval. Les cellules prolifèrent, envahissent le stent et un nouveau caillot rétrécit le diamètre de l’artère. Cette complication survient trois à quatre fois sur dix. 40 % des angioplasties pratiquées sont ainsi totalement inutiles puisque l’artère se rebouche après l’opération – on appelle ça la resténose.
Après une première opération, cela revient à prendre un abonnement à la table de cardiologie et aux risques qui vont avec ; en France, la moitié des interventions pratiquées le sont ainsi pour la seconde ou la troisième fois.
Zéro intérêt pour le patient
Des nouvelles analyses de l’ensemble des données scientifiques publiées à ce jour confirment que la pose d’un stent n’apporte aucun bénéfice lorsque l’état cardiaque est stable.
Des chercheurs de l’Université de New York [5] ont combiné les résultats de 8 essais prospectifs, totalisant 7229 patients, et comparant angioplastie et traitement médical (3 617 patients) contre traitement médical seul (3 612 patients) pendant plus de 4 ans :
« Le résultat important de cette étude est que l’implantation de stents dans les artères coronaires en plus du traitement médical au cours d’une maladie coronaire stable n’apporte aucune réduction de la mortalité, des infarctus, des revascularisations non planifiées ou de l’angor après un suivi de 4,3 années »
En un mot, l’implantation d’un stent dans les artères ne sert à rien. [6]
Pire, le taux d’infarctus mortel est plus haut parmi les patients ayant subi une angioplastie.
Un certain nombre de cardiologues honnêtes posent des stents en étant persuadés d’augmenter la survie de leur patient. Mais hors de la salle d’opération, plus de 60% admettent que l’angioplastie est une opération de confort.
De confort ?
Une opération de confort, cela veut dire que l’intervention vise à soulager les symptômes de la maladie : essoufflement, étourdissements, palpitations pendant l’effort.
Autrement dit, ces chirurgiens savent parfaitement qu’une angioplastie préventive ne réduit pas le risque d’arrêt cardiaque ou de décès. Mais les patients à qui on annonce que l’angioplastie est une opération « banale », eux, sont-ils au courant ? Votre avis n’intéresse personne
Dans un article du New York Times, le Dr Brown déclarait qu’aujourd’hui, plus de la moitié des patients coronariens se sont fait poser des stents avant même de prendre des mesures de réduction des risques cardiovasculaires : changements alimentaires, arrêt du tabac, reprise de l’exercice physique etc. [7]
Pour quelle raison ? Toujours la même : l’argent…
« Dans de nombreux hôpitaux, le service de cardiologie génère 40% des revenus de l’hôpital, il y a donc une pression incroyable pour faire toujours plus d’angioplasties. » « Quand vous mettez un stent, tout le monde est content, l’hôpital fait plus d’argent, le médecin fait plus d’argent, tout le monde est heureux sauf le système de santé dans son ensemble qui paye plus pour aucun résultat ».
Et le patient ? Vous aurez remarqué que son avis à lui n’intéresse personne.
Alors le jour où on va vous parler de vous poser un stent, prenez votre temps avant de dire « oui ». C’est l’occasion de faire un vrai travail d’introspection sur vous-même ; en commençant peut-être déjà par vous demander si vos « habitudes de vie » ne méritent pas quelques ajustements.
Un régime de type méditerranéen (poissons, fruits et légumes, huile d’olive vierge, un peu de céréales complètes et peu de laitages) permet de réduire de 30% le risque de survenue d’infarctus [8] [9].
Commencez petit, pas la peine de tout changer du jour au lendemain : assaisonnez vos salades, vos poissons et vos légumes par un filet d’huile d’olive, de préférence extra vierge, plus riche en polyphénols protecteurs.
Pareil pour le sport.
Une équipe de cardiologues allemands a montré que l’exercice physique est plus efficace que l’angioplastie pour réduire le risque cardio-vasculaire [10]. Dix mille pas par jour à un rythme soutenu permettent de minimiser efficacement le risque d’accident.
Cela correspond par exemple à une promenade d’une heure en forêt, dans la campagne ou sur un des « parcours » santé qui fleurissent dans les parcs des villes.
Marchez seul, à plusieurs, vite ou lentement, faites comme vous voulez. L’important n’est pas d’appliquer les recettes intégralement mais de progresser, à mesure de vos forces, dans la bonne direction.
Santé !
Gabriel Combris
Sources :
[1] https://www.fedecardio.org/Les-mala...
[2] http://www.health.harvard.edu/heart...
[3] http://www.fedecardio.org/je-suis-c...
[4]http://www.medtronic.fr/votre-sante...
[5] Stergiopoulos, K., & Brown, D. L. (2012). Initial coronary stent implantation with medical therapy vs medical therapy alone for stable coronary artery disease : meta-analysis of randomized controlled trials. Archives of internal medicine, 172(4), 312-319.
[6] http://www.docbuzz.fr/2012/02/29/12...
[7] http://www.nytimes.com/2012/02/28/h...
[8] http://www.i-dietetique.com/lu-pour...
[9] pour en savoir plus sur le régime méditerranéen : https://www.santenatureinnovation.c...
[10] http://www.passeportsante.net/fr/Ac...
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Alain KALT (retranscription)
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