Environnement Lançonnais

Sûreté nucléaire en France : "il y aura un avant et un après Fukushima"

samedi 30 juin 2012 par Alain KALT (retranscription)

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a présenté hier son Rapport sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2011 et a fait également un point sur les suites des Évaluations Complémentaires de la Sûreté (ECS) des installations nucléaires conduites après l’accident de Fukushima.

André-Claude Lacoste, le Président de l’ASN, est revenu sur la catastrophe de Fukushima : « cet événement nous rappelle que, malgré les précautions prises, un accident ne peut jamais être exclu ». Il considère que le retour d’expérience complet de l’accident pourrait prendre jusqu’à 10 ans.

Ces décisions imposent ainsi aux exploitants des travaux considérables impliquant notamment un investissement particulier en matière de ressources humaines et de compétences. Ces travaux ont déjà débuté pour certains exploitants et s’étendront sur plusieurs années. Pour les mesures les plus complexes, dont les échéances sont les plus lointaines, les décisions imposent des mesures transitoires.

En particulier, les exploitants vont devoir mettre en place un « noyau dur ». Ainsi, tous les sites devront disposer d’une organisation et de locaux de crise robustes résistant à la survenue d’un évènement de grande ampleur touchant plusieurs installations. Pour les centrales d’EDF, le « noyau dur » devra comprendre des moyens électriques « bunkerisés » qui doivent être en place partout avant 2018 ; dès la fin 2013, des groupes diesel de secours supplémentaires devront être installés.

Pour ce « noyau dur », tous les exploitants doivent remettre le 30 juin 2012 un dossier détaillé présentant les matériels à ajouter et les échéances associées. L’ASN évaluera le contenu technique de ces dossiers, avec l’appui de l’IRSN, pour le début de l’année 2013.

Areva a indiqué jeudi avoir remis à l’ASN ses propositions techniques et d’organisation visant à renforcer la sûreté de ses sites en cas de situation extrême.

Pour les installations d’Areva concernées (La Hague, Tricastin, MELOX, FBFC Romans), les experts sûreté du groupe ont travaillé à la définition de « noyaux durs » : les systèmes et fonctions de dernier recours destinés à prévenir un accident très grave ou à en limiter les conséquences. Ceux-ci doivent présenter une très grande robustesse, y compris dans des circonstances dépassant significativement les hypothèses envisagées à la conception des installations (séisme ou inondation d’intensité extrême…). Le groupe Areva a précisé prendre "les mesures nécessaires pour répondre à cet impératif".

Le géant français du nucléaire va également renforcer le dispositif global de gestion de crise de ses sites. De nouveaux matériels d’intervention et de communication (pompes, équipements de mesure, téléphones satellitaires...) vont ainsi être déployés en complément des moyens existants. Areva ajoute que plus 1.500 personnes dotées de compétences opérationnelles et d’expertises spécifiques sont à même de renforcer, si nécessaire, les moyens propres des sites. Cette organisation dispose, en tant que de besoin, des moyens robotisés du GIE Intra dont Areva est actionnaire aux côtés d’EDF et du CEA.

« La sûreté demeure, plus que jamais, une valeur première du groupe Areva. Au-delà des nouvelles installations aux plus hauts standards de sûreté que nous allons mettre en service, notre groupe va consacrer plus de 2 milliards d’euros à la modernisation de l’outil industriel, au déploiement de nouvelles technologies ainsi qu’à l’amélioration des dispositifs de sûreté que nous venons de soumettre à l’Autorité de Sûreté Nucléaire. Pour Areva, la capacité à tirer les enseignements d’un accident, quelle qu’en soit l’origine, est une condition de l’acceptation du nucléaire par les opinions publiques » a déclaré Philippe Knoche, Directeur général délégué du groupe, qui a lui-même supervisé les Evaluations Complémentaires de Sûreté.

De son côté, EDF confirme son engagement à réaliser les travaux visant au renforcement du niveau de sureté de ses installations nucléaires. Ces travaux sur le parc nucléaire s’inscrivent dans le programme d’investissement global du Groupe à horizon 2015.

« Nos investissements portent également sur la formation des équipes. Le renouvellement et l’élargissement des compétences est une des clés de la sûreté nucléaire. Comme en 2011, EDF va embaucher cette année encore plus de 2000 personnes dans les métiers du nucléaire et l’ingénierie. C’est un enjeu capital pour le Groupe », a souligné Henri Proglio, Président Directeur Général d’EDF

Ces travaux sur les centrales existantes et en construction visent à renforcer la robustesse ainsi qu’à assurer des marges de sûreté supplémentaires aux installations face :

- aux risques de séisme et d’inondation,

- à la perte simultanée de la source de refroidissement et des alimentations électriques,

- aux conséquences en cas d’accidents graves,

EDF a d’ores et déjà engagé un plan d’action qui s’étalera sur plusieurs années conformément aux prescriptions techniques de l’ASN comme par exemple :

- La mise en place de la Force d’Action Rapide du Nucléaire qui sera capable d’intervenir, en cas d’urgence, sur n’importe quel réacteur nucléaire en France d’ici la fin de l’année 2012. Une première base a été installée à Civaux dès le premier semestre 2012, trois autres bases régionales seront créées à Dampierre, Paluel et Bugey. L’objectif est, qu’à l’horizon 2014, la FARN soit en capacité d’intervenir sur l’ensemble des réacteurs d’un site de façon simultanée de n’importe quel site français d’EDF.

- L’évolution des centres locaux de crise pour gérer des événements extrêmes. Ces installations pourront accueillir sur plusieurs jours des équipes complètes d’exploitants et d’experts qui travailleront en lien avec le niveau national d’EDF et les pouvoirs publics.

- Le processus d’appel d’offres pour la fabrication des diesels d’ultime secours. 58 diesels seront installés sur l’ensemble des réacteurs avant 2018. Le principe est de disposer, en cas d’accident et dans l’attente de l’arrivée de la FARN dans les 24 heures, de moyen de secours supplémentaires.

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